Les logiciels médicaux ont beaucoup évolué ces dernières années. De même, pour de bonnes (techniques d’analyses et d’intervention, gains de temps etc.) ou de moins bonnes raisons (déserts médicaux, temps d’attente etc.) la technologie a pris un rôle important et intervient désormais dans de nombreux aspects de la pratique médicale et chirurgicale.
Logiciels, data, robotique…
Quelles sont les évolutions possibles ?
D’abord, on ne saurait confondre le logiciel médical qui est un outil au service du médecin généraliste, hospitalier, ou encore spécialiste -ophtalmologiste par exemple pour prendre un exemple de pratique qui a un usage fort du logiciel- avec la technologie opératoire, chirurgie robotique, capteurs connectés etc.
Le logiciel médical est un outil qui est au service du médecin pour lui permettre de gagner du temps, de simplifier certaines tâches, de trouver vite certains renseignements. Les appareils robotiques sont des outils utilisés dans la pratique elle même. Un dossier et un scalpel sont différents…
Entre logiciels et autres outils une frontière poreuse.
Pourtant, et si l’on envisage différentes évolutions en cours ou à venir, on constate que les limites sont beaucoup plus tenues que ce que l’on pourrait croire.
Des outils d’analyses, des diagnostics aidés par IA, des personnalisations de traitements, les surveillances à distance sont des éléments qui se situent entre l’outil logiciel du médecin dans le cabinet (la maison de santé ou l’hôpital) et les outils d’aide à la pratique et aux soins. L’inter-confection, la complémentarité des deux est probablement l’un des voies d’avenir des technologies médicales.
Les outils, parmi lesquels les logiciels médicaux, devront, à la fois ou séparément, faciliter les tâches administratives, faire progresser la qualité et l’utilisation des dossiers de santé (DSE), permettre des échanges et des collaborations entre professionnels plus nombreuses et plus rapides, fournir des données fiables et nombreuses pour aider à la décision, améliorer avec de la data, la personnalisation de certains traitements etc. La surveillance connectée, les outils de médecine à distance, une robotique de plus en plus précise et efficace, l’analyse prédictive etc. donneront de nouvelles armes à la pratique comme à la recherche.
Logiciels, robots, IA et l’humain…
Toutefois, l’évolution des logiciels comme des outils assistés ou non par IA doivent être pris avec précaution et intelligence. Comme en d’autres domaines, une société ne peut se dispenser d’une « philosophie de la machine » car la médecine n’est pas une science tout à fait exacte et l’humain y joue -continuera d’y jouer- un rôle indispensable. Les outils doivent, c’est en tout cas le rôle du logiciel médical- permettre aux praticiens de se concentrer sur sur l’importance de l’humain dans l’art du soin.
Dès 2018, A.Y Portnoff alertait dans santé et intelligence artificielle *. « Parce que la santé n’est pas un « bien » comme les autres (ou plutôt parce qu’elle est un bien et non un produit), la diffusion du numérique dans ce secteur doit être appréhendée avec précaution, afin de préserver la nécessaire empathie à l’égard des patients ».
*Portnoff, André-Yves. « Santé et intelligence artificielle. À propos du rapport du Conseil de l’ordre des médecins sur l’impact de la diffusion du numérique sur la pratique de la médecine », Futuribles, vol. 425, no. 4, 2018, pp. 53-60.
